Quand on pense au mot « doublage », l’image d’un acteur devant le micro doublant un film ou une série télévisée nous vient inévitablement à l’esprit. Mais c’est beaucoup plus que cela…
Le doublage est un long processus qui implique un grand nombre de professionnels spécialisés dans sa préparation, parmi lesquels plusieurs sont chargés du processus de traduction. Ce processus spécifique comprend plusieurs tâches : la traduction, l’adaptation et la synchronisation. La seule tâche qui incombe toujours au traducteur est la traduction elle-même, tandis que les autres peuvent être effectuées par le traducteur lui-même ou par d’autres agents. La tendance actuelle est à la centralisation de ces trois tâches en une seule personne, le traducteur-adaptateur, pour des raisons tant économiques que qualitatives.
Il n’y a pas si longtemps encore, la traduction et l’adaptation pour le doublage étaient des professions qui s’apprenaient « sur le tas », car les institutions universitaires ne proposaient pas d’études liées à cette question. Heureusement, le doublage français est de plus en plus spécialisé et les traducteurs, adaptateurs et traducteurs-adaptateurs ont tendance à être des professionnels ayant une formation spécifique.
Le travail des traducteurs, des adaptateurs, des réalisateurs et des acteurs passe presque inaperçu du public et, grâce à la soi-disant « suspension consentie de l’incrédulité », voir Hannibal Lecter (Le Silence des agneaux) parler en français nous semble la chose la plus normale du monde. Mais vous voulez savoir quel est le rôle de chacun dans le doublage d’un film ?
Le(s) traducteur(s)
Le traducteur est le premier maillon de cette chaîne. Sa tâche consiste à traduire et à préparer le scénario de doublage qui sera travaillé tout au long du processus. Ce n’est pas une tâche facile, car un bon traducteur de doublage doit être capable d’adapter le registre de la langue d’origine au français, par exemple.
En outre, il doit adapter les références culturelles éventuelles afin que le public les comprenne. Par exemple, dans Retour vers le futur, la mère du protagoniste l’a appelé Lévis parce qu’elle avait vu son nom sur ses sous-vêtements. Mais saviez-vous que dans la version originale, elle l’appelait Pierre Cardin ? Le traducteur pensait qu’à cette époque (souvenez-vous, c’était en 1985), Calvin Klein était une marque inconnue en France. Tout au long d’un film, de nombreuses décisions de ce type sont prises.En général, les films de bande dessinée sont les plus difficiles à traduire, car les références et les jeux de mots sont constants et le traducteur doit trouver un moyen de faire en sorte que tout fonctionne de la même manière que dans l’original.
L’adaptateur
Une fois le film traduit, il est remis à l’adaptateur (qui peut être ou non le même traducteur). Sa tâche consiste à « ajuster » les dialogues aux mouvements de la bouche du personnage et à marquer les pauses, les gestes, les rires du dialogue.
Le régleur doit donc s’assurer que les phrases ne sont ni trop longues ni trop courtes et que les labiales (b, m, p) coïncident autant que possible au premier plan.
Si nous reprenons une célèbre réplique d’Hannibal Lecter dans le Silence des agneaux (1991), nous constaterons que le processus a été le suivant :
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Original : Well, Clarice, have the lambs stopped screaming?
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Traduction : Eh bien, Clarice, les agneaux ont-ils cessé de hurler ?
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Adpatation : (OFF) (FILTRE) Qu’en pensez-vous, Clarice ? / (ON) (TP) Les agneaux ont-ils cessé de hurler ?